Mafia présidentielle

Brice Laccruche Alihanga sur Noureddin Bongo : « J’ai dit non au prince qui voulait devenir roi »

Brice Laccruche Alihanga sur Noureddin Bongo : « J’ai dit non au prince qui voulait devenir roi »
Brice Laccruche Alihanga sur Noureddin Bongo : « J’ai dit non au prince qui voulait devenir roi » © 2025 D.R./Info241

Récemment promu au sein de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba, Brice Laccruche Alihanga, a livré un témoignage poignant ce lundi soir dans le Journal Afrique de TV5Monde. L’ex-haut cadre du palais présidentiel gabonais et ancien figure du régime Bongo-Valentin est revenu sur ses quatre années d’incarcération, ses conditions de détention inhumaines, et son retour mesuré en politique.

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Quatre années dans une cellule de 6m2

"Vous avez devant vous un homme qui revient de loin, qui revient de l’enfer. Je suis vivant, certes, mais pas indemne", a d’entrée souligné l’ancien bras droit d’Ali Bongo, jeté en prison après une brouille avec son fils Noureddin Bongo Valentin. "J’ai passé quatre années à l’isolement total, dans une cellule de six mètres carrés, sans droit à la promenade, sans droit à la visite, sans lecture. Je faisais mes besoins à l’endroit même où je dormais. Je n’arrivais pas à distinguer le jour de la nuit", détaille-t-il, évoquant également que plus de 300 autres personnes étaient dans des conditions similaires à la prison centrale de Libreville.

Le journal de TV5 d’hier

"Mon frère a été incarcéré de la même manière. Ma femme a été embastillée, mes parents également. Et j’en suis sorti, effectivement, vivant, en octobre 2023, mais avec un cancer et 40 kilos en moins", a lancé l’ancien haut responsable qui a dû se soigner d’un cancer du colon après sa sortie de prison où il avait fait condamné par le régime déchu pour détournement de fonds notamment. Pour l’ancien membre du régime Bongo, ses bourreaux "sont actuellement en liberté et, je dirais, essaient de se victimiser. Et ça, ce n’est pas acceptable pour moi, ni pour l’ensemble des Gabonais", a-t-il dénoncé.

Le régime Bongo-Valentin était une mafia

Évoquant son retour avec cette nomination au sein de l’UDB, Brice Laccruche Alihanga a indiqué : "J’ai mis deux années de ma vie pour reprendre. Je ne suis pas, entre guillemets, de retour totalement dans la vie politique gabonaise. Je suis conseiller stratégique". Avant de décrire le régime Bongo-Valentin comme une mafia à la tête du pays après les ennuis de santé d’Ali Bongo. "Mais vous savez, ce système Bongo-Valentin, c’est une mafia, c’est un cartel. Une fois que vous êtes rentré, vous ne pouvez plus en sortir comme ça. Mais une fois dedans, quand vous sortez, il n’y a que deux issues : c’est la mort ou la prison." Et pour moi, ça a été la prison. Et j’ai payé, je l’ai payé, j’ai tout perdu, jusqu’à ma santé", a-t-il révélé.

Sur l’origine de sa disgrâce sous Ali Bongo, Laccruche Alihanga a révélé une anecdote : "Nous sommes en novembre 2019, je suis convoqué à son domicile par Noureddin Bongo, le fils du président. Celui-ci me regarde, il me dit : « Brice, écoute, mon grand-père, Omar Bongo, était président du Gabon. Mon père Ali Bongo, certes malade, est président du Gabon. Et moi, je serai président du Gabon. Est-ce que tu es avec moi ou est-ce que tu es contre moi ? ». À ce moment précis, je vois la dynastie monarchique se perpétuer. Je vois tout cela devant mes yeux, et vous savez, je dis non. Et quand je dis non au prince qui voulait devenir roi à tout prix, je signe mon arrêt de mort".

Noureddin Bongo l’avait promis 25 ans de prison

Il révèle notamment, citant Ian Ghislain Ngoulou comme témoin, que Noureddin Bongo Valentin lui avait rendu visite dans sa cellule en juin 2023 pour lui promettre une lourde condamnation judiciaire après la présidentielle de la même année : "Le dernier contact que j’ai eu du directeur de cabinet Noureddin Bongo, c’était quand il est venu dans ma cellule. Il m’a clairement dit : « Écoute, je porte tes vêtements, j’habite ta maison, et après les élections, je te mettrai 25 à 30 ans, c’est décidé. » Donc vous voyez, c’était une mise en œuvre organisée, planifiée, qui était faite pour m’assassiner".

Concernant l’appel à la mise en place d’une commission justice et vérité, Alihanga "pense qu’il faut plutôt laisser instruire les dossiers de manière correcte. Ne pas refuser les commissions rogatoires comme ça a été fait par le passé. Auditionner les témoins, monter les dossiers. Et puis, chacun est libre de porter plainte, comme je l’ai fait pour ma part. Et que chacun soit responsable."

Retour de bâton

Revenant sur le procès qui attend le fils et la femme d’Ali Bongo en novembre prochain au Gabon, Alihanga a pris son propre cas : "Moi, j’ai été libéré en 2023, j’étais malade. Je suis venu trois ou quatre fois en France me faire soigner. Pourtant, à l’heure de mon procès, je me suis rendu à Libreville parce que le Gabon était mon pays, j’ai assumé ma responsabilité. Malgré ma condamnation, et d’ailleurs, je me suis pourvu en cassation parce que je fais confiance à mon pays. Et j’attends de même à ce qu’aujourd’hui, certains qui ont été libérés, qui sont à Londres, et qui sont en train de se faire soigner, puissent répondre de leurs actes".

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