Gabon : La CNR dresse déjà un bilan sévère des 50 premiers jours de l’ère Oligui Nguema président !

À peine 50 jours après la proclamation de la 5e République gabonaise, la Coalition pour la Nouvelle République (CNR) ne mâche pas ses mots. Lors d’un point de presse tenu ce jeudi 26 juin à Libreville, les leaders de cette plateforme politique — Vincent Moulengui Boukossou, Benoît-Joseph Mouity Nzamba, Francis Hubert Aubame et Henri Sène Ingueza — ont livré un bilan sans concession du début de mandat du président Brice Clotaire Oligui Nguema. Trois sujets majeurs ont été passés au crible : les opérations de déguerpissement, la perte des îles gabonaises au profit de la Guinée équatoriale, et les exfiltrations extra-judiciaires de la famille Bongo.

Des bulldozers qui broient la dignité
Pour la CNR, le gouvernement a ouvert « sa mandature par des démolitions humiliantes » dans des quartiers comme Plaine-Oréty, Bas-de-Gué-Gué ou encore derrière l’Assemblée nationale. « Les populations ont été réveillées sous le bruit assourdissant des machines qui détruisaient avec rage leurs propriétés acquises au prix de plusieurs années de dur labeur », dénonce la déclaration.
L’intégralité de leur déclaration
Selon la plateforme, ces destructions opérées sans plan de relogement préalable ni indemnisation généralisée sont « une opération émaillée de violence et d’improvisation » traduisant l’« amateurisme » du gouvernement. Pire encore, elles auraient contribué à « désorganiser des familles entières » et exposé des élèves à l’échec scolaire. La CNR demande des réparations et s’inquiète d’une possible « spéculation foncière au bénéfice de lobbies » dissimulée sous le vernis de l’utilité publique.
Mbanié, Conga, Cocotiers : trois îles, une défaite
Autre grief de taille : la perte des îles de Mbanié, Cocotiers et Conga au profit de la Guinée équatoriale. La CNR dénonce un « échec diplomatique retentissant » et un silence présidentiel « coupable ». « L’absence d’une adresse solennelle à la nation pour expliquer cette perte territoriale est une faute politique grave », accuse la coalition.
Sur le fond, elle remet en cause la stratégie de défense adoptée devant la Cour internationale de Justice (CIJ) et s’alarme de la portée de cet arrêt, qui selon elle « pourrait nourrir de futurs litiges entre États africains ». Pour la CNR, cet épisode témoigne d’un pouvoir incapable d’assumer son rôle de garant de l’intégrité nationale.
Justice à deux vitesses : la claque des exfiltrations
Le dernier coup de griffe vise la récente évacuation à l’étranger de membres de la famille Bongo et de l’ancien ministre Lee White, soupçonnés de multiples crimes économiques. Pour la CNR, cette opération « en catimini » est « un camouflet pour la justice gabonaise » et la preuve que le pouvoir reste « otage d’une oligarchie gouvernante ».
« À qui a profité cette exfiltration ? Qui avait peur de la vérité à la barre ? », s’interroge la coalition, rappelant que les crimes reprochés — détournements, corruption, usurpation de fonction, falsification de documents officiels — restent désormais impunis. Pendant ce temps, d’autres figures comme Hervé Patrick Opiangah ou Kelly Ondo sont poursuivies ou emprisonnées, dans ce que la CNR qualifie de « justice à géométrie variable ».
Un président "fort" au-dessus des lois ?
La Coalition dénonce également un pouvoir de plus en plus personnalisé. « Le peuple gabonais a besoin d’institutions fortes, pas d’un homme fort », martèle la déclaration. Le spectre d’une violation annoncée de l’article 82 du Code électoral plane toujours, renforçant les doutes sur la solidité institutionnelle du pays.
Appelant à l’établissement d’une commission "Vérité – Justice – Réparation – Pardon – Réconciliation", la CNR prévient que « les crimes de haute trahison sont imprescriptibles » et que « les générations futures exigeront des comptes ». Avec cette sortie musclée, la plateforme veut se poser en sentinelle vigilante face aux premiers pas d’un régime qu’elle juge déjà en rupture avec les promesses de la transition. Une chose est sûre : les cent premiers jours du nouveau pouvoir s’annoncent loin d’un état de grâce.
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