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Disparition

Décès à 79 ans d’Idriss Ngari, dernier vétéran du Bongoïsme et de la politique gabonaise

Décès à 79 ans d’Idriss Ngari, dernier vétéran du Bongoïsme et de la politique gabonaise
Décès à 79 ans d’Idriss Ngari, dernier vétéran du Bongoïsme et de la politique gabonaise © 2025 D.R./Info241

Il était l’un des derniers vétérans du système Bongo, une figure aussi redoutée que respectée dans les arcanes d’un pouvoir qu’il a servi sans relâche pendant près de quatre décennies. Le général à la retraite Idriss Firmin Ngari est mort ce mardi 27 mai à Rabat, au Maroc, à l’âge de 79 ans, des suites d’une longue maladie. Une fin discrète, presque furtive, à l’image du silence pesant qui planait sur sa santé depuis plusieurs mois, alimentant rumeurs et spéculations depuis février.

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L’ancien tout-puissant ministre de la Défense, ancien patron de l’Intérieur, ancien député de Ngouoni, aura vu défiler sous ses bottes des pans entiers de la République. Et surtout, il aura incarné une ère  : celle du régime patrimonial d’Omar Bongo Ondimba, dont il était le cousin et l’un des piliers les plus fidèles. Du temps où la fidélité familiale était un brevet d’ascension politique, Idriss Ngari a été de toutes les campagnes, de tous les gouvernements, de toutes les manœuvres.

Un général politique, mais pas apolitique

Né le 2 avril 1946, ce fils du Haut-Ogooué gravit les échelons de l’armée jusqu’à devenir chef d’état-major des forces armées de 1984 à 1994. Un poste clé dans un pays où la loyauté militaire valait monnaie politique. C’est à cette époque qu’il gagne sa réputation de dur à cuire, loyal jusqu’à l’os à Omar Bongo, mais jamais totalement soumis. Sa mue politique sera spectaculaire : six portefeuilles ministériels à son actif entre 1994 et 2009, de la Défense à la Santé, en passant par les Transports, l’Intérieur ou encore les Travaux publics.

Le disparu

À la chute d’Omar Bongo en 2009, il se range sans faire de vagues derrière son successeur, Ali Bongo Ondimba. Mais dans les couloirs, l’homme n’est plus en odeur de sainteté. Mis à l’écart, il devient l’un des nombreux «  grands muets  » du PDG, relégués à l’Assemblée, privés d’influence mais jamais totalement hors-jeu. En 2016, il soutient le clan Bongo par fidélité plus que par conviction. En 2023, il est toujours là, mutique, lorsque l’armée met fin au règne de son dernier héritier.

L’ombre d’un système effondré

La mort d’Idriss Ngari n’est pas seulement celle d’un homme. C’est celle d’un monde. Celui d’une élite militaire-politique forgée dans les arcanes du pouvoir à l’ancienne, où la loyauté tribale, la discrétion stratégique et l’endurance valaient plus que les discours. Il symbolisait cette génération de « barons » issus de l’appareil d’État qui savaient tout, voyaient tout, et ne disaient rien. Un monde balayé le 30 août 2023 par le putsch qui a renversé Ali Bongo.

L’un des derniers coups de gueule du patriarche sous le régime d’Ali Bongo

Installé depuis plusieurs mois à l’hôpital Pasteur de Rabat pour raisons médicales, l’ancien ministre était officiellement en observation. Mais son absence prolongée, sa voix éteinte, avaient déjà tout d’un adieu officieux. Le régime de transition aura préféré ne pas trop s’attarder sur le passé. Ngari s’éteint ainsi, dans une indifférence feutrée, à peine perturbée par les hommages obligés de ses anciens compagnons de route.

Le dernier des Mohicans

En 2024 encore, certains nostalgiques le voyaient comme l’un des derniers « hommes d’ordre » capables de recoller les morceaux d’un PDG en lambeaux. D’autres, plus critiques, le décrivaient comme l’un des architectes d’un système autoritaire ayant méthodiquement verrouillé l’appareil d’État. Tous s’accordaient cependant sur un point : son nom, son réseau, et son carnet de secrets faisaient encore trembler les murs des palais.

À 79 ans, Idriss Firmin Ngari s’en va avec son mystère, ses silences de militaire et ses secrets d’État. Il emporte avec lui une époque faite de verticalité, de loyautés d’airain, et de pouvoir sans partage. Les funérailles de l’ancien général n’ont pas encore été annoncées, mais c’est tout un pan de l’histoire politico-militaire du Gabon post-indépendance qui descend aujourd’hui dans la tombe. Un chapitre se ferme. Définitivement.

@info241.com
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