Un scandale de maillots contrefaits secoue le football gabonais à l’approche de la CAN 2025
À quelques jours du coup d’envoi de la CAN 2025 au Maroc, un nouveau scandale éclabousse le football gabonais. Le 19 novembre, la Confédération africaine de football (CAF) a officiellement mis en demeure la Fédération gabonaise de football (Fégafoot) pour non-respect des règlements relatifs aux équipements sportifs. En cause : un contrat signé entre l’Office national de développement du sport et de la culture (ONDSC) et une obscure marque dénommée « Gaboma », sans l’accord ni la signature de la Fégafoot, pourtant seule habilitée à engager la sélection nationale.
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Pour la CAN prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, le Gabon devait transmettre à la CAF un exemplaire du contrat de son équipementier. Or, les documents envoyés portent uniquement la signature du directeur général de l’ONDSC, Loïc Ngouayit-Kounda, et du représentant de Gaboma. La Fégafoot, totalement absente du contrat, n’a validé ni les engagements, ni le fournisseur, ni les échantillons des maillots. « Le contrat transmis n’est pas conforme aux standards FIFA/CAF et ne précise même pas le rôle des parties impliquées », a souligné la CAF, jugeant qu’il ne s’agit pas d’un contrat d’équipementier officiel.
Un contrat irrégulier, un équipementier inconnu et un risque de sanctions
Les observations de la CAF sont accablantes :
• la Fégafoot n’est pas signataire ;
• Gaboma n’est pas reconnu parmi les équipementiers agréés ;
• le logo de Gaboma ressemble étrangement à celui de la marque Aïnness, ce qui laisse supposer une contrefaçon ;
• les échantillons fournis ne respectent pas les exigences techniques imposées par la CAF et la FIFA.
Récapitulatif du scandale « Gabomagate »
| Élément | Informations clés |
|---|---|
| Événement déclencheur | Renouvellement urgent des tenues des Panthères avant Gabon–Burundi (13 octobre 2025). |
| Intervention de la présidence | Brice Clotaire Oligui Nguema affirme prendre en charge l’achat des équipements après visio avec les joueurs. |
| Mise à l’écart de la Fégafoot | Pierre-Alain Mounguengui sommé d’abandonner le dossier ; l’ONDSC reprend le contrôle. |
| Mission confiée à l’ONDSC | Achat de maillots à Paris avec 100 millions de FCFA ; implication d’intermédiaires étrangers. |
| Contrat signé | Contrat ONDSC–Gaboma, une entreprise inconnue, sans validation de la Fégafoot. |
| Problèmes relevés par la CAF | Contrat non conforme, absence de signature fégafoot, échantillons « non originaux », logo ressemblant à Aïnness, standards FIFA/CAF non respectés. |
| Échantillons transmis à la CAF | Rejetés le 19 novembre 2025 : qualité insuffisante, contrefaçon potentielle, absence d’homologation. |
| Risques encourus par le Gabon | Sanctions financières entre 150 000 et 300 000 dollars (180 millions FCFA). Impossibilité d’utiliser les maillots Gaboma. |
| Conséquences sportives | Panthères sans équipement officiel à 1 mois de la CAN 2025 ; risque de jouer avec des maillots provisoires. |
| Position de la Fégafoot | Démunie, hors du processus ; affirme n’avoir jamais travaillé avec l’ONDSC sur ce contrat. |
| Réaction de la CAF | Mise en demeure officielle ; demande d’un contrat valide avant le 21 novembre (délai non respecté). |
| Enjeu pour le Gabon | Atteinte à la crédibilité du football national ; crise institutionnelle sportive majeure. |
Pire encore : les maillots reçus ne figurent pas parmi les modèles officiellement homologués. Ils demeurent classés comme « non originaux » et « non officiels ». Pour le Gabon, les conséquences pourraient être lourdes. La CAF a rappelé que l’utilisation d’un équipement non certifié peut entraîner des sanctions financières allant de 150 000 à 300 000 dollars (soit environ 180 millions de francs CFA), voire l’interdiction d’utiliser l’équipement litigieux pendant la compétition.
Sur le plan sportif, le Gabon risque désormais de disputer la CAN sans nouveaux maillots officiels si la situation n’est pas régularisée dans les meilleurs délais. « Toute équipe qui joue avec un équipement non original encourt des sanctions », a insisté la CAF, qui a donné au Gabon jusqu’au 21 novembre pour transmettre un contrat valide – un délai que le pays n’a pas respecté.
La responsabilité de l’ONDSC et de la présidence au cœur de la tempête
Selon plusieurs sources concordantes, l’affaire a débuté le 13 octobre 2025 lorsque les Panthères, avant le match Gabon–Burundi comptant poru les éliminatoires du Mondial 2026, ont demandé à renouveler leurs tenues d’apparat. Informé, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, s’entretient en visioconférence avec les joueurs et leur staff, affirmant qu’il prendra en charge l’achat des équipements.
Chronologie complète du “Gabomagate”
| Date | Événement | Détails clés |
|---|---|---|
| 13 octobre 2025 | Début de l’affaire | Les Panthères demandent de nouvelles tenues d’apparat avant le match Gabon–Burundi. |
| Mi-octobre 2025 | Intervention de la présidence | Le président Oligui Nguema promet aux joueurs qu’il prendra en charge la fourniture des équipements. |
| Quelques jours plus tard | Confrontation Fégafoot – Présidence | Pierre-Alain Mounguengui est convoqué au Palais et sommé d’abandonner complètement la gestion des équipements. |
| Fin octobre 2025 | L’ONDSC récupère le dossier | Le DG Loïc Ngouayit-Kounda reçoit la mission d’acheter les équipements à Paris avec une enveloppe de 100 millions de FCFA. |
| Déplacement à Paris | Achat controversé | Les émissaires gabonais recourent à des intermédiaires congolais et camerounais. Achat de maillots Puma évoqué mais non conclu. |
| Fin octobre 2025 | Signature illégale | L’ONDSC signe un contrat avec Gaboma , une entreprise inconnue et non référencée comme équipementier officiel. |
| Début novembre 2025 | Transmission des échantillons à la CAF | Les échantillons Gaboma sont déposés au bureau de la CAF à Rabat par l’intendant Charles Ngoïme. |
| 19 novembre 2025 | Mise en demeure officielle de la CAF | Les maillots sont rejetés : non conformes, contrefaits, non homologués, logos suspects, contrat non valide. |
| 21 novembre 2025 | Ultimatum CAF non respecté | Le Gabon devait soumettre un contrat valide, signé par la Fégafoot. Aucun document conforme ne parvient à la CAF. |
| Après le 21 novembre 2025 | Risques immédiats | Risques de sanctions financières (150 000–300 000 dollars) et impossibilité d’utiliser les équipements Gaboma pour la CAN. |
Quelques jours plus tard, le président de la Fégafoot, Pierre-Alain Mounguengui, est convoqué au Palais présidentiel et sommé « d’abandonner entièrement la gestion des équipements », selon une source proche de la fédération. L’ONDSC est alors mandaté pour effectuer l’achat à Paris, avec une somme de 100 millions de francs CFA.
En France, les émissaires gabonais auraient eu recours à des intermédiaires congolais et camerounais afin de faciliter l’acquisition de maillots Puma. Cependant, c’est finalement un contrat signé avec Gaboma – une structure inconnue, sans références et probablement inexistante officiellement – qui est transmis à la CAF.
Une humiliation internationale et un chaos organisationnel
Les échantillons déposés au bureau de la CAF à Rabat ont immédiatement été rejetés :
• qualité du tissu jugée insuffisante ;
• absence de certification technique ;
• ressemblance du logo avec celui d’une autre marque ;
• non-conformité aux standards officiels.
Dans un courrier adressé à la Fégafoot, la CAF a déclaré qu’elle ne reconnaissait ni le contrat transmis, ni l’équipementier, ni les produits présentés. Le Gabon ne pourra donc pas jouer avec les maillots Gaboma durant la CAN, sauf validation exceptionnelle – peu probable – après correction totale du dossier.
La Fégafoot affirme n’avoir jamais été informée du contrat signé par l’ONDSC. « Nous n’avons travaillé ni avec le ministère ni avec l’ONDSC », a expliqué Pierre-Alain Mounguengui. La fédération attendait de présenter un nouvel équipementier fin novembre, mais se retrouve désormais contrainte de repartir de zéro en urgence.
Une crise qui expose l’ingérence et fragilise l’image du Gabon
Ce scandale révèle une immixtion directe de la présidence et de l’ONDSC dans les prérogatives exclusives de la Fégafoot. Une intervention qui a abouti non seulement à un contrat illégal, mais aussi à une humiliation internationale, alors que la CAN 2025 représente une vitrine importante pour le pays.
Au-delà de la polémique, une question demeure : qui gère réellement le football gabonais ? Et surtout, comment une sélection nationale peut-elle préparer sereinement une CAN lorsque ses maillots officiels, ses contrats et son équipementier sont remis en cause à un mois du début de la compétition ? Le « Gabomagate » n’est plus un simple dysfonctionnement administratif : c’est désormais un scandale institutionnel qui entache l’image du Gabon et met en péril la participation des Panthères dans des conditions réglementaires acceptables.
@info241.com
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