Taxi Gab+ : Faute de paiement, les chauffeurs menacés de saisie et de rupture de contrat

Le vernis du projet Taxi Gab+ se craquèle. Lancé en grande pompe par le CTRI sous la houlette du président Brice Clotaire Oligui Nguema pour moderniser le transport urbain et créer de l’emploi, le programme traverse une zone de turbulences. Dans un communiqué en date du 7 mai, la direction générale enjoint les conducteurs à régulariser sans délai leurs arriérés, sous peine de sanctions immédiates, incluant l’immobilisation des véhicules, voire la rupture pure et simple des contrats.

Près de 1 000 véhicules ont été distribués à des Gabonais censés devenir des chauffeurs-entrepreneurs. Mais sur le terrain, le rêve vire à l’impasse pour nombre d’entre eux. Retards de paiement, dettes accumulées, clauses contractuelles jugées abusives : la direction hausse le ton. Dès ce jeudi 8 mai au matin, tous les véhicules liés à des situations financières non réglées seront saisis, annonce Curt Myricks Fouty Obeye, directeur général du projet.
Menaces non voilées
« Les véhicules ainsi immobilisés resteront bloqués jusqu’au règlement intégral des sommes dues », prévient-il. Plus grave encore, toute immobilisation excédant trois jours entraînera une résiliation automatique du contrat, « sans possibilité de recours ». Une décision aussi sèche qu’opaque, qui choque jusque dans les rangs de ceux qui avaient salué l’ambition initiale du projet.
La joie des premiers bénéficiaires
Car dans les faits, les chauffeurs paient même quand ils ne roulent pas. En cas d’accident ou de maladie, la cotisation quotidienne de 22 000 FCFA reste due, sous peine de sanctions. Certains dénoncent aussi le transfert subreptice de charges annoncées comme gratuites — entretien, pneus, réparations — vers les conducteurs eux-mêmes. Une dérive contractuelle que plusieurs qualifient de « piège à jeunes ».
Des réactions mitigées
Sur les réseaux sociaux, le communiqué a provoqué une déferlante de réactions. Beaucoup s’interrogent : comment un projet censé redonner de la dignité peut-il engendrer autant de précarité ? « Il n’y a aucune marge de repos, aucune protection. On bosse pour payer, pas pour vivre », résume un internaute, évoquant une mécanique infernale qui broie lentement les conducteurs.
Le communiqué de menace de l’entreprise
Si certains estiment que les règles étaient connues dès le départ, d’autres soulignent le flou autour des contrats et l’absence d’accompagnement réel. « Il est impératif de revoir ce modèle qui, aujourd’hui, ressemble plus à une charge qu’à une chance », insiste un observateur. Le principe de responsabilisation ne suffit pas à justifier une mise en œuvre aussi rigide, surtout dans un contexte économique asphyxiant.
Taxi Gab+ devait incarner une politique sociale innovante. Il risque aujourd’hui de devenir le symbole d’un projet mal pensé, imposé sans filet à une population déjà fragilisée. À moins d’un réajustement immédiat, l’État risque de transformer un espoir national en fiasco social.
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