La lutte anti-corruption au Gabon : Un impératif pour préserver la souveraineté nationale

La corruption est un fléau qui mine les fondements mêmes des sociétés africaines. Au Gabon, ce phénomène ouvre la voie à des influences extérieures malveillantes cherchant à exploiter les ressources du pays au détriment de sa souveraineté et de son peuple.

Le Gabon, riche en ressources naturelles telles que le pétrole, l’uranium et les minerais précieux, attire depuis longtemps les convoitises étrangères. Cependant, la corruption endémique qui règne dans le pays facilite grandement ces tentatives d’exploitation. Selon Transparency International, le Gabon se classe [135e sur 180 pays dans l’Indice de perception de la corruption (IPC) de 2024. Avec un score de seulement 27 points sur 100, le pays est perçu comme fortement corrompu, ce qui ternit son image à l’international et dissuade les investisseurs étrangers honnêtes.
Les exemples de corruption au Gabon sont nombreux. En 2024, huit personnalités gabonaises ont été placées sous mandat de dépôt dans le cadre d’une enquête sur des pratiques de corruption liées à la signature d’un contrat avec une société turque. Cette affaire a mis en lumière les dysfonctionnements internes de l’administration gabonaise et les pratiques qui entravent le bon fonctionnement des services publics. Les fonctionnaires et hauts cadres utilisent souvent leur position pour obtenir des avantages personnels, freinant ainsi l’efficacité de l’État.
Face à cette situation alarmante, le gouvernement gabonais entreprend plusieurs actions pour lutter contre la corruption. La Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) organise des ateliers sous-régionaux pour renforcer la coopération entre les organes nationaux de lutte contre la corruption. Ces initiatives visent à mutualiser les ressources et les compétences pour enrayer durablement la corruption, véritable frein au développement de la région.
De plus, le Gabon s’est engagé dans le Réseau des institutions nationales anti-corruption d’Afrique centrale (RINAC), créé en 2015 à Libreville. Ce réseau a pour objectif de renforcer la coopération entre les pays de la sous-région pour lutter efficacement contre la corruption. Cependant, malgré ces efforts, la perception de la corruption reste élevée dans le pays, ce qui montre que des efforts supplémentaires sont nécessaires.
Le Premier ministre Raymond Ndong Sima insiste également sur la nécessité de moderniser les structures administratives et de renforcer la lutte contre la corruption. À ce titre, le Premier Ministre affirmé que « Le devoir des responsables publics est de veiller à ce que l’argent des contribuables soit utilisé de manière transparente et pour le bien commun ». La digitalisation de l’administration est vue comme une solution pour accroître l’efficacité et la transparence des pratiques administratives. Cette transformation doit simplifier les procédures, à rendre les services plus efficaces et à renforcer la relation de confiance entre l’usager et l’agent public.
La corruption au Gabon : la porte d’entrée des influences étrangères ?
La corruption au Gabon ne se limite pas à ses conséquences internes ; elle ouvre également la voie à des influences étrangères qui cherchent à exploiter ces failles pour satisfaire leurs propres intérêts.
A titre d’exemple, selon un rapport de l’ONG Global Initiative Against Transnational Organized Crime , la corruption endémique au sein des régimes en place au Mali, au Burkina Faso et au Niger crée un environnement propice à l’exploitation des ressources minières par des acteurs russes, notamment via des réseaux opaques liés à des intérêts économiques et militaires.
Au Gabon, cinq chinois, de la société forestière Pengxin Sarl, avaient été écroués, en 2022, pour avoir corrompu le Directeur générale du service des Bois et forêts au Gabon afin d’obtenir des autorisations d’exploitation. Cette situation est particulièrement dangereuse pour la souveraineté gabonaise, car elle prive le peuple gabonais des bénéfices de ses propres ressources. Les projets d’exploitation minière et pétrolière menés par des entreprises chinoises, peuvent avoir des impacts néfastes sur l’environnement local.
En juillet dernier, Addax Petroleum, une filiale du groupe chinois Sinopec, a laissé fuiter 80 barils de pétrole en pleine forêt sur le site de Coucal. Cet incident symbolise l’exploitation des richesses du Gabon au profit d’intérêts économiques étrangers, sapant ainsi ceux de la population gabonaise.
Cette situation alimente les inégalités sociales et économiques, exacerbant ainsi la pauvreté et le mécontentement populaire. La lutte anti-corruption au Gabon est donc essentielle non seulement pour améliorer la gouvernance interne mais aussi pour protéger les intérêts nationaux face aux influences extérieures. En renforçant ses institutions et en promouvant la transparence, le Gabon pourra mieux résister aux tentatives de manipulation et d’exploitation étrangères, garantissant ainsi une utilisation équitable et durable de ses ressources naturelles au bénéfice de tous ses citoyens.
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